Rétrospective polaire – Changements concernant les visiteurs subantarctiques, résolution d’un mystère vieux de 66 ans et mise en garde pour les rennes

par Dr. Michael Wenger
08/18/2025

La Rétrospective polaire se penche sur les événements récents survenus dans les régions polaires du monde. Cette semaine, nous examinons les nouvelles réglementations applicables aux visiteurs des îles subantarctiques, la solution à un mystère vieux de 66 ans dans l’Antarctique et les sombres perspectives liées au changement climatique pour les populations de rennes.

Le changement climatique risque de réduire les populations de rennes dans le monde entier. Image : Michael Wenger

La Rétrospective Polaire est un effort de collaboration de l’équipe éditoriale de polarjournal.net. Chaque rédacteur choisit un sujet qu’il a trouvé intéressant et important au cours de la semaine écoulée. Les initiales à la fin de chaque section indiquent l’auteur.

Nouvelle saison, nouvelles règles pour les visiteurs des îles de l’océan Austral

Les rencontres avec les manchots sur les îles Falkland et les îles subantarctiques de Nouvelle-Zélande seront sujettes à des changements au cours de la prochaine saison. Image : Michael Wenger

Les visiteurs des îles subantarctiques seront confrontés à de nouvelles réglementations et à des frais plus élevés au cours de la prochaine saison, les autorités chargées de la conservation cherchant à gérer l’impact croissant du tourisme sur ces écosystèmes fragiles. Le ministère néo-zélandais de la Conservation a annoncé une augmentation significative des droits d’entrée pour les visiteurs des îles subantarctiques, afin de financer des travaux de conservation essentiels et d’assurer la protection de la faune et de la flore uniques, ainsi que des paysages vierges de la région. Les recettes supplémentaires serviront à entretenir et à moderniser les installations, ainsi qu’à soutenir les programmes de recherche et de surveillance qui sont essentiels à la préservation à long terme de ces îles éloignées et riches en biodiversité.

Dans le même temps, dans les îles Falkland, de nouvelles directives ont été publiées pour la saison 2025-2026, en particulier pour les passagers des bateaux de croisière qui visitent les colonies de manchots. Ces nouvelles réglementations soulignent l’importance de minimiser les perturbations de la faune, avec des règles strictes concernant le maintien d’une distance de sécurité avec les animaux, le respect des sentiers balisés et des mesures de biosécurité visant à prévenir l’introduction de maladies. Par exemple, le « Countryside Code » stipule explicitement que les visiteurs ne doivent jamais nourrir ou toucher les animaux sauvages et qu’ils doivent se tenir à une distance d’au moins 6 mètres (20 pieds) du bord extérieur de toute colonie animale. À Yorke Bay, une destination populaire pour l’observation des manchots, un ratio obligatoire de un guide pour seize touristes sera appliqué et tous les visiteurs devront être accompagnés d’un guide. À Gypsy Cove, les opérateurs qui amènent plus de 100 passagers par jour devront avoir un représentant sur place pour gérer le flux de visiteurs et veiller au respect du code de conduite. Ces mesures visent à garantir que la faune remarquable de ces îles puisse continuer à prospérer, tout en permettant au nombre croissant de visiteurs de découvrir leurs merveilles naturelles d’une manière responsable et durable. M.W.

Les restes d’un chercheur de l’Antarctique retrouvés après 66 ans

Un mystère vieux de 66 ans a été résolu en Antarctique avec la découverte des restes de Dennis « Tink » Bell, un météorologue britannique de 25 ans porté disparu en 1959. Le corps du scientifique, qui travaillait pour le Falkland Islands Dependencies Survey, le prédécesseur du British Antarctic Survey, a été retrouvé dans un glacier en recul, rappelant de manière poignante le coût humain de l’exploration polaire et les changements spectaculaires qui se produisent sur le grand continent blanc. Bell faisait partie d’une équipe qui menait des recherches météorologiques et géologiques sur l’île du Roi-George lorsqu’il est tombé dans une crevasse cachée pendant un blizzard. Son collègue, Jeff Stokes, a tenté un sauvetage héroïque en descendant une corde et en tirant Bell presque jusqu’à ce qu’il soit en sécurité. Mais la tragédie a frappé lorsque la ceinture de Bell, à laquelle la corde était attachée, s’est rompue, le faisant replonger dans les profondeurs glacées. Malgré des recherches intensives à l’époque, aucune trace de lui n’a jamais été retrouvée.

Cette découverte a été faite par une équipe de glaciologues polonais qui étudiaient les effets du changement climatique sur le glacier Ecology. L’amincissement et le retrait accéléré de la glace ont commencé à révéler des secrets longtemps cachés. Outre les restes de Bell, plus de 200 objets personnels ont été retrouvés, dont sa radio, une lampe de poche, des bâtons de ski, un couteau suédois Mora, une montre-bracelet gravée et même le tuyau de sa pipe. La découverte a permis à la communauté scientifique et à la famille de Bell, « choquée et stupéfaite » par la nouvelle, de tourner la page. Son frère, David, aujourd’hui âgé de 86 ans, se souvient de son frère aîné comme d’un héros qui pouvait « s’attaquer à n’importe quoi ». La fonte des glaciers et des calottes glaciaires de l’Antarctique ne contribue pas seulement à l’élévation du niveau de la mer, elle modifie également le paysage physique du continent, mettant à nu des zones recouvertes de glace depuis des siècles et, dans le cas présent, exhumant une histoire tragique de l’âge héroïque de l’exploration de l’Antarctique. M.W.

Le changement climatique menace les populations de rennes

Les rennes perdent beaucoup d’énergie pendant la saison hivernale. Avec le changement climatique, les épisodes de givre sont susceptibles de se produire plus souvent au printemps et auront un impact sur les efforts de l’animal pour trouver de la nourriture. Image : Michael Wenger

L’avenir des populations de rennes est menacé par le changement climatique, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Science Advances. Cette étude, qui combine des données satellitaires et des observations sur le terrain, révèle que le réchauffement des hivers et l’augmentation des précipitations constituent une menace mortelle pour ces animaux emblématiques de l’Arctique. L’étude met en évidence la fréquence croissante des phénomènes de « pluie sur neige », où la pluie tombe sur le manteau neigeux existant avant de geler formant ainsi une couche de glace dure. Cette couche de glace agit comme une barrière, empêchant les rennes d’atteindre le lichen qui constitue leur principale source de nourriture durant les mois d’hiver.

Les chercheurs ont constaté que ces phénomènes de givrage sont de plus en plus fréquents et répandus dans l’Arctique, avec des conséquences dévastatrices pour les troupeaux de rennes. Au cours de l’hiver 2013-2014, un seul de ces événements a provoqué la famine de 61 000 rennes dans la péninsule de Yamal, en Russie. Incapables de percer la glace pour se nourrir, les animaux sont contraints de dépenser une énergie précieuse à la recherche d’autres sources de nourriture, souvent sans grand succès. Cette situation peut conduire à la malnutrition, à une baisse du taux de natalité et, dans les cas les plus graves, à une famine massive. Selon l’étude, si les tendances actuelles au réchauffement se poursuivent, la fréquence et l’intensité de ces épisodes de pluie sur neige risquent d’augmenter, et la population mondiale de rennes devrait diminuer de 58 % d’ici à la fin du siècle. La situation est particulièrement grave en Amérique du Nord, où la population pourrait chuter de 84 % d’ici à 2100. Ces conclusions soulignent l’urgence d’une action mondiale pour atténuer le changement climatique et protéger les écosystèmes fragiles de l’Arctique, écosystèmes qui se réchauffent à un rythme plus rapide que n’importe quel autre endroit de la planète. M.W.