La prison de Nuuk est plus que pleine

par Camille Lin
05/20/2025

Un rapport européen décrit les conditions de détention dans la prison de Nuuk et dénonce un certain nombre de manquements, tout en décrivant ses aspects positifs.

Centre pénitentiaire de Nuuk. Image : Kriminalforsorgen

« L’atmosphère semblait assez détendue », décrit un rapport du Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) du 12 mai, à propos de la visite, en janvier dernier, de la prison de Nuuk, au Groenland.

D’une capacité de 76 personnes, dont 40 cellules fermées et 36 ouvertes, le bâtiment donne sur le fjord Nuup, mais certaines de ses geôles de 10 m², avec télévisions, frigos et douches, sont surpeuplées : 5 cellules individuelles sont habitées par deux personnes.

« La surpopulation est inacceptable et met en péril la sûreté, la sécurité juridique et le bien-être du personnel et des détenus », déclare Naaja H. Nathanielsen, ministre de la Justice, des Affaires, des Minéraux, de l’Énergie, du Secteur de la Justice et de l’Égalité, dans un communiqué émis par le gouvernement groenlandais, Naalakkersuisut.

La CPT conseille aux autorités d’avoir recours à un éventail de mesures et sanctions plus large pour éviter le surpeuplement. Elle déconseille également que la prison soit une soupape de désengorgement du poste de police de la ville.

La saturation de l’établissement pénitentiaire force non seulement la cohabitation de prévenus et de condamnés, mais aussi celle de femmes et d’hommes. Cela limite l’utilisation des parties communes ou des possibilités de téléphoner, précise le rapport. Selon les auteurs, les violences entre détenus : « ne semblait pas être un problème majeur dans l’établissement. »

Construite en 2019, cette prison accueille des prévenus, tels que le fut Paul Watson, ainsi que des condamnés dans l’unité A. Avant sa construction, le Groenland n’avait aucune unité fermée sur son sol, uniquement des prisons de nuit.

Pour les cas les plus sérieux, les condamnés étaient incarcérés dans la prison de Herstedvester, au Danemark. Depuis 2019, des détenus de cette dernière ont rejoint Nuuk pour se rapprocher « de leur environnement culturel et linguistique », décrit le rapport.

Naaja H. Nathanielsen, ministre de la Justice, des Affaires, des Minéraux, de l’Énergie, du Secteur de la Justice et de l’Égalité. Image : Naalakkersuisut

Certains détenus affirment avoir demandé à changer de lieu parce que Nuuk n’a pas de programme de suppression de la libido. Pour ce type de traitement, les rapporteurs soulignent un passage du rapport de 2008 sur la prison de Herstedvester concernant des problèmes de consentement, et conseillent de renforcer les thérapies psychologiques, au Danemark comme à Nuuk.

Psychologues, docteurs et infirmiers sont en sous-effectif dans ce centre de détention, d’après les rapporteurs. Ils estiment que le personnel de garde devrait être plus nombreux et mieux formé.

Le 7 mai dernier, la ministre groenlandaise et le ministre de la Justice danois, Peter Hummelgaard, se sont rencontrés à propos des résultat de l’inspection. « J’ai l’impression que le gouvernement danois espère trouver une solution au problème dans les meilleurs délais », déclare Naaja H. Nathanielsen. « Il est nécessaire de mettre en place de meilleurs cadres d’emploi afin de créer une base réelle pour la resocialisation des détenus. »

La CPT a été agréablement surprise de voir que « tous les détenus condamnés peuvent travailler ou étudier, et qu’ils peuvent également s’adonner à l’art et à l’artisanat. »

Ceux en attente de jugement n’ont pas autant de possibilités, sinon celles des travaux ménagers, comme on imagine que cela a été le cas pour Paul Watson.