Lors d’une conférence de presse tenue au Centre de presse international, Rasmus Leander Nielsen, professeur à l’Université du Groenland, discute des coalitions potentielles que Demokraatit pourrait former.
Dans un retournement de situation historique, que nous avons présenté ce matin, le parti de droite Demokraatit a remporté les élections groenlandaises hier soir, avec 30 % des suffrages. Il obtient 10 sièges sur 30 et doit encore former une coalition majoritaire pour dominer le parlement. Selon Rasmus Leander Nielsen, professeur à l’Université du Groenland et spécialiste des questions d’affaires internationales et de sécurité, plusieurs possibilités existent, et aucune tendance ne se dégage clairement.
La question des États-Unis fait l’objet d’un consensus. Même Naleraq, le parti le plus favorable à un rapprochement avec les USA, a affirmé lors d’un débat télévisé qu’il ne pouvait pas avoir confiance en l’administration Trump. Selon Rasmus Leander Nielsen, aucun parti ayant récolté des suffrages significatifs ne s’est éloigné du slogan : « Nous ne voulons pas être danois, nous ne voulons pas être américains, nous voulons être groenlandais. »
« Personne n’a parlé de commencer l’indépendance dès aujourd’hui, mais il y a eu clairement un rejet du statu quo », estime le chercheur. Naleraq, le parti centriste le plus pro-indépendance du spectre politique de l’île, souhaiterait commencer des négociations avec le gouvernement danois pour changer de régime. Contrairement aux intentions du parti Inuit Ataqatigiit, le parti le plus à gauche du spectre, qui prône l’organisation d’un référendum sur l’indépendance.
Les questions de géopolitique et de souveraineté mises de côté, la vie de tous les jours, les retraites, l’emploi, le logement et l’éducation étaient également au cœur du débat politique. « Contrairement à il y a quatre ans, où le débat tournait autour de l’uranium – si l’on simplifie –, cette fois-ci, deux types d’intérêts se sont croisés dans le débat : la vie de tous les jours et la géopolitique », assure le chercheur.
Demokraatit pourrait entamer un dialogue avec Naleraq ou avec Inuit Ataqatigiit, avec qui il a déjà collaboré en 2009, mettant de côté le parti centriste Siumut. Des compromis sur la question de l’exploitation des ressources minières devront être trouvés dans ces cas. Rasmus Leander Nielsen rappelle que la future coalition pourrait « théoriquement regrouper jusqu’à quatre partis différents » avant de rajouter que « la coalition de départ pourra évoluer et de nouveaux partis pourront se former. »
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