Une série Netflix démarre son tournage à Iqaluit

par Mirjana Binggeli
03/22/2024

L’humour pour raconter les expériences et les difficultés rencontrées par les femmes autochtones. C’est l’ambition des créatrices et productrices d’une nouvelle série commandée par Netflix, North of North, Alethea Arnaquq-Baril (à gauche) et Stacey Aglok MacDonald (à droite). Photo : Netflix

Une nouvelle série, dont le tournage vient de démarrer au Nunavut, devrait prochainement sortir sur la célèbre plateforme de streaming en ligne, Netflix. Créée par deux productrices inuit, la série au ton humoristique suivra les tribulations d’une jeune femme inuk et de sa fille.  

Une jeune mère inuk veut se bâtir un nouvel avenir. Pas facile dans une petite ville du Nunavut où tout le monde sait tout sur son voisin. 

C’est avec ce synopsis que vient de démarrer une nouvelle série tournée à Iqaluit au Nunavut et créée par deux réalisatrices et productrices inuit. Commandée par Netflix, CBC et APTN, le réseau de télévision des peuples autochtones, la production de North of North a commencé le 14 mars dernier sur le territoire arctique canadien. La série a été créée par deux productrices inuit, Stacey Aglok MacDonald, qui avait produit Twice Colonized sur la militante Aaju Peter, et la réalisatrice Alethea Arnaquq-Baril, connue entre autre pour son excellent documentaire Angry Inuk sorti en 2016.

Le projet de la série avait déjà été annoncé en mars de l’année dernière. Dans un communiqué de presse diffusé par Netflix le 30 mars 2023, les créatrices avaient fait part de leur enthousiasme :  « Cette série est pleine d’histoires qui viennent directement de nos cœurs et de notre veine comique. Nous avons puisé dans nos expériences en tant que femmes inuit vivant, riant, pleurant et vivant ensemble tout en étant Autochtones. Nous sommes tellement excitées de travailler avec tous nos incroyables partenaires de CBC, Netflix et APTN, et nous avons hâte de commencer à filmer ! »

L’actrice inuk, Anna Lambe, jouera le rôle de Siaja avec Keira Cooper, sept ans, dans le rôle de sa fille, Bun. North of North suivra ce duo mère-fille sur dix épisodes dont le premier sera tourné par Stacey Aglok MacDonald elle-même. Photos (de gauche à droite) : IMDB / Netflix

Anna Lambe a déjà travaillé avec Stacey Aglok MacDonald dans The Grizzlies, un film dramatique sorti en 2018 et qui narre l’histoire, inspirée de faits réels, d’un groupe d’étudiants inuit qui forme une équipe de crosse comme moyen de lutter contre l’épidémie de suicides qui touche leur ville, Kugluktuk. Le rôle a valu à Lambe un nomination pour le prix de meilleure actrice dans un second rôle de la Canadian Screen Award, l’équivalent canadien des Oscars.

La série sera co-produite par Northwood Entertainment et Red Marrow Media. Cette dernière est une société de production autochtone établie à Iqaluit. Elle a été cofondée par Arnaquq-Baril et Aglok MacDonald avec pour mission de faire réfléchir tout en utilisant l’humour : « Nous aimons les points de vue surprenants, l’humour décalé qui vient du cœur, et nous aimons briser les malédictions intergénérationnelles afin de remettre de l’ordre. Nous aimons divertir, mais nous voulons aussi établir des liens avec les spectateurs et les faire participer à des conversations plus vastes. », expliquent les fondatrices.

Financement fédéral et loi C-11 pour soutenir la production locale et nationale

Le démarrage du tournage de la série coïncide avec la promesse d’un financement fédéral de $C 65 millions (€ 44 millions) sur cinq ans en faveur de l’Indigenous Screen Office, organisme national indépendant de défense et de financement de créateurs des Premières Nations, Inuit et Métis du Canada.

L’Indigenous Screen Office avait contribué au financement de la construction d’un nouveau studio de tournage à Iqaluit pour North of North, ainsi qu’à la formation de Nunavummiut dans des rôles de production. Une manière d’assurer l’avenir des habitants du Nunavut intéressés à une carrière dans les 7ème et 8ème arts tout en développant une production audiovisuelle locale. 

Pour l’heure, la production n’a pas encore fourni de date de diffusion sur la plateforme canadienne de Netflix, qui pourra ainsi ajouter une nouvelle production canadienne à son catalogue en ligne. En effet, depuis avril dernier, le Canada a instauré la loi C-11 qui impose notamment aux plateformes de streaming, telles Netflix, Prime Video d’Amazon ou encore Disney+, les mêmes réglementations qu’aux chaînes nationales. A ce titre, tout service de diffusion doit contribuer à la création et à la distribution d’histoire et de musiques canadiennes et à soutenir les artistes du pays. 

En cas de non-respect de la loi, les chaînes de diffusions peuvent faire l’objet de sanctions et d’amendes. Netflix aurait dépensé plus de $C 5 milliards (près de 3,5 milliards d’euros) sur les cinq dernières années dans des productions canadiennes autochtones et non-autochtones.

Mirjana Binggeli, PolarJournal

En savoir plus sur le sujet