La rétrospective polaire se penche sur des informations récentes en lien avec les régions polaires du monde. Cette semaine, nous abordons la découverte de microplastiques autour du glacier Union, le fanion de la Belgica classé au patrimoine national et un projet d’énergie renouvelable à Iqaluit.
La rétrospective polaire est un effort de collaboration de l’équipe du Polar Journal AG. Chaque auteur choisit un sujet qu’il a trouvé intéressant et important au cours de la semaine écoulée. Les initiales à la fin de chaque section indiquent l’auteur.
Des microplastiques détectés au cœur de l’Antarctique
Des microplastiques ont déjà été trouvés en Antarctique – dans l’eau de mer, sur les fonds marins, dans la glace de mer, dans plusieurs espèces marines et même dans la neige fraîchement tombée. Aujourd’hui, une nouvelle étude révèle que la pollution plastique s’étend encore plus loin qu’on ne le pensait. Pour la première fois, des scientifiques ont détecté des particules microplastiques dans la neige à proximité de camps de terrain éloignés au cœur du continent : au glacier Union et au glacier Schanz dans les monts Ellsworth de l’Antarctique occidental, et même au pôle Sud.
À l’aide d’une nouvelle technique de pointe, les chercheurs ont identifié des particules de plastique d’une taille de 11 micromètres, soit à peu près la taille d’une cellule sanguine humaine. Les concentrations mesurées allaient de 73 à 3 099 particules par litre de neige, soit jusqu’à 100 fois plus que celles trouvées dans les études précédentes.
La plupart des particules détectées (95 %) avaient une taille inférieure à 50 micromètres, ce qui suggère que les études antérieures ont pu sous-estimer de manière significative l’étendue de la pollution plastique en raison de méthodes de détection moins sensibles. Les plastiques les plus fréquemment trouvés sont le polyamide (nylon), le polyéthylène téréphtalate (PET), le polyéthylène et le caoutchouc synthétique, des matériaux généralement utilisés dans les textiles, les emballages et les équipements.
Les effets à long terme des microplastiques sur l’écosystème de l’Antarctique restent largement inexplorés, mais les chercheurs pensent que ces minuscules particules de plastique pourraient affecter l’albédo de la neige, ce qui pourrait modifier son comportement lors de la fonte. Elles peuvent également être transportées vers des régions écologiquement importantes et s’accumuler dans la chaîne alimentaire.
L’étude met en évidence l’importante empreinte microplastique laissée par les activités humaines dans la neige de l’Antarctique. Pour faire face à ce problème croissant, les auteurs soulignent la nécessité d’une surveillance régulière des camps de recherche éloignés et d’efforts mondiaux pour réduire la pollution plastique. J.H.
Le fanion de la Belgica entre au patrimoine culturel flamand
Le fanion de la Belgica vient d’être ajouté à la liste du patrimoine culturel mobile de la Communauté flamande, selon les informations publiées par l’agence de presse Belga le 5 février dernier. Ce fanion rouge et blanc, accroché au mât de la Belgica lors de son expédition en Antarctique, a « une valeur particulière pour la mémoire collective », selon la ministre flamande de la culture, Caroline Gennez.
Une manière pour la Belgique de rendre hommage à une expédition polaire mythique. Commandée par l’officier de marine belge Adrien de Gerlache, l’expédition antarctique belge fut la première à hiverner en Antarctique entre 1897 et 1899. Une épreuve qui n’avait pas été prévue et qui mit l’équipage à rude épreuve. Un équipage international qui comptait d’ailleurs Frederick Cook et Roald Amundsen, deux explorateurs polaires qui entreraient plus tard, et chacun à leur manière, dans l’Histoire.
L’expédition de la Belgica s’est illustrée pour ses recherches scientifiques sur la faune et la flore dans un environnement encore inexploré, ainsi que pour avoir cartographié d’importantes portions de la péninsule Antarctique.
De retour en Belgique, De Gerlache avait fait don du fanion au Royal Yacht Club d’Anvers où il est encore conservé. M.B.
Six millions de dollars pour un barrage hydroélectrique à Iqaluit
Quinze coupures électriques à Iqaluit, dans le Nunavut, en 2024, contre seulement quatre en 2023. Tout le monde le dit, les centrales diesel de la région sont vieillissantes. Alors, pourquoi ne pas en profiter pour passer aux renouvelables ? En 2022, des recherches ont montré qu’au Nunavut, « le prix subventionné de l’électricité produite à partir du diesel et l’absence de subventions pour les options renouvelables n’offrent que peu d’incitations financières pour un changement ».
Mais surprise : mardi dernier, le gouvernement fédéral du Canada a investi 6 millions de dollars pour concevoir un barrage hydroélectrique à 60 kilomètres d’Iqaluit. Haut de 50 mètres sur la rivière Kuugaluk (McKeand), le barrage pourrait générer 15 à 30 MW, soit au moins l’équivalent de la production actuelle de la ville. « Ce projet représente une étape prometteuse dans la mise en place des énergies renouvelables au Nunavut », déclare le premier ministre du Nunavut P.J. Akeeagok sur LinkedIn.
La compagnie de développement d’énergie renouvelable Nunavut Nukkiksautiit Corporation – entièrement détenue par des Inuit – recevra ce financement. Elle mènera des études pour la conception et le financement de la construction qui pourrait coûter entre 200 et 300 millions de dollars.
L’infrastructure permettrait aux habitants de sortir du chauffage au fioul et d’ouvrir des perspectives pour l’industrie minière, ainsi que de « favoriser le développement des câbles sous-marins et des centres de serveurs qui ont besoin d’avoir un accès à de l’énergie si possible propre et renouvelable de manière fiable et continue pour fonctionner, ce que ne permet pas forcément le diesel », rappelle Michael Delauney, docteur en sciences sociales et auteur d’un livre sur la connectivité inuite. C.L.
Rétrospectives polaires précédentes :