Le gouvernement sud-coréen poursuit sa stratégie arctique: dans le projet de budget pour 2026, des fonds importants sont prévus pour la première fois pour la construction de navires spécialement conçus pour les opérations dans les eaux arctiques. Séoul crée ainsi les bases pour des trajets pilotes prévus sur les routes septentrionales.
Le 11 septembre 2025, le ministre des Océans et de la Pêche, Chung Jae-soo, a annoncé que chaque navire apte à la navigation dans les glaces serait désormais subventionné à hauteur de 11 milliards de wons (environ 6,5 millions d’euros) par le budget du ministère. Selon Chung, cette décision s’appuie sur une étude de la Pohang University of Science and Technology (POSTECH), qui estime que les corridors maritimes arctiques pourraient être entièrement exploitables d’ici 2030.
Par ailleurs, le gouvernement alloue 1,66 billion de wons (1,15 milliard d’euros) à la modernisation de ports stratégiques tels que Jinhae à Busan ainsi que le port de Gwangyang. Ces investissements visent à créer les conditions logistiques nécessaires pour le futur trafic arctique. Des fonds supplémentaires sont consacrés à la recherche et au développement technologique, notamment à la construction de navires de recherche aptes à la glace de nouvelle génération et à la mise en place d’un programme de formation spécialisé pour les ingénieurs navals polaires.
La dimension géopolitique gagne également en importance. Le 19 septembre, le ministre des Affaires étrangères Cho Hyun a déclaré qu’une reprise de la coopération arctique avec la Russie serait envisageable une fois la guerre en Ukraine terminée. La Route du Nord-Est demeure pour la Corée du Sud un axe stratégique majeur du commerce mondial futur, même si les projets communs sont largement gelés depuis 2022.
Les chantiers navals sud-coréens comptent depuis des années parmi les principaux constructeurs de la flotte mondiale de méthaniers Arc7, notamment pour des clients russes. Hanwha Ocean (anciennement DSME) a joué un rôle essentiel dans la construction des méthaniers pour le projet russe «Arctic LNG-2» de NOVATEK. Cependant, en raison des sanctions occidentales, ces travaux ont pratiquement été interrompus.
Heiner Kubny, PolarJournal