Rétrospective polaire – Une carte, un navire et un renard arctique menacé

par Polar Journal AG Team
08/11/2025

La Rétrospective polaire se penche sur les événements récents survenus dans les régions polaires du monde. Cette semaine, nous examinons une nouvelle carte de l’île Alexander, un nouveau navire de pêche canadien appartenant à des Inuits et une nouvelle menace virale pour les renards arctiques du Svalbard.

La rétrospective polaire est un effort de collaboration de l’équipe éditoriale de polarjournal.net. Chaque rédacteur choisit un sujet qu’il a trouvé intéressant et important au cours de la semaine écoulée. Les initiales à la fin de chaque section indiquent l’auteur.

Nouvelle cartographie de l’île Alexandre-Ier

Le Mapping and Geographic Information Centre (MAGIC) du British Antarctic Survey a publié deux nouvelles cartes de l’île Alexandre-Ier : une carte géologique (à droite) et une carte topographique (à gauche), toutes deux produites à l’échelle 1:500 000.

L’île Alexandre-Ier, la plus grande île de l’Antarctique, vient de recevoir sa première mise à jour cartographique complète depuis quarante ans. Produites par le Mapping and Geographic Information Centre (MAGIC) du British Antarctic Survey (BAS), deux nouvelles cartes, l’une topographique et l’autre géologique, offrent une image plus claire et plus détaillée de cette région éloignée et mouvante.

Située au large de la côte ouest de la péninsule antarctique, l’île Alexandre-Ier est la deuxième plus grande île inhabitée au monde. Elle est bordée par les plateformes de glace Wilkins et George VI, qui ont toutes deux reculé de manière significative ces dernières années en raison du changement climatique. Le pont de glace qui reliait la plateforme de glace Wilkins à l’île Charcot s’est finalement effondré en 2009, mettant en évidence l’accélération de la perte de glace dans la région.

Cartographiées à l’échelle 1:500 000, les nouvelles cartes fournissent des détails sans précédent : courbes de niveau, élévations, couverture glaciaire, noms de lieux et affleurements rocheux. Elles révisent également les relevés topographiques de l’île : le mont Hall, auparavant sous-estimé, est désormais confirmé comme le plus haut sommet, avec 3 078 mètres, dépassant le mont Stephenson (2 944 m), grâce à des données satellitaires récentes.

Sur le plan géologique, l’ouvrage compile des décennies de recherche, depuis les premières observations en 1936 jusqu’à plus de cinquante expéditions sur le terrain menées entre les années 1960 et 1990. Cette nouvelle carte géologique permet, pour la première fois, de relier l’histoire géologique de l’île Alexandre-Ier à celle de la région de l’Antarctique occidental.

La cartographie de l’île Alexandre-Ier n’est pas seulement une réalisation technique. C’est aussi une réponse aux défis posés par un environnement polaire instable. À mesure que la glace recule et que le paysage se modifie, la mesure devient un acte de sensibilisation. Une étape nécessaire pour anticiper et s’adapter aux réalités scientifiques et environnementales de demain. M.B.

Un nouveau navire appartenant à des Inuits pour stimuler la pêche dans l’Arctique

Baffin Fisheries, une entreprise inuite, a baptisé son nouveau chalutier usine congélateur, l’Inuksuk II, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée à Iqaluit. Ce navire est considéré comme le plus grand navire de pêche canadien du pays. Le navire de 80 mètres de long a été construit pour un coût de 72 millions de dollars et peut transporter jusqu’à 1 300 tonnes de turbot congelé en mer ou 930 tonnes de crevettes.

L’Inuksuk II représente un investissement important pour Baffin Fisheries, qui appartient aux associations de chasseurs et de trappeurs de cinq communautés du Nunavut : Pangnirtung, Iqaluit, Clyde River, Kimmirut et Pond Inlet. Tous les bénéfices de la société sont distribués sous forme de redevances aux membres de ces communautés.

Les responsables de la compagnie affirment que le nouveau navire, plus grand, sera plus efficace que son prédécesseur, nécessitant moins de voyages au port, et qu’il devrait créer davantage d’emplois pour les Inuits. L’Inuksuk II pêchera le turbot et la crevette dans les eaux arctiques et déchargera ses prises à Terre-Neuve. La cérémonie de baptême s’est déroulée en présence de représentants des cinq communautés propriétaires, qui ont pu voir de près ce navire ultramoderne. M.W.

La grippe aviaire se propage aux renards arctiques du Svalbard

La liste des mammifères du Svalbard touchés par l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) continue de s’allonger. Après la détection du virus chez un morse en 2023, l’Institut vétérinaire norvégien vient de confirmer la présence du sous-type H5N5 chez quatre renardeaux arctiques. Les petits malades ont été découverts près de la colonie russe de Barentsburg à la fin du mois de juillet 2025.

C’est la première fois que le virus est détecté chez des renards arctiques en Norvège. On pense que les renards, charognards naturels, ont contracté la maladie en se nourrissant de carcasses d’oiseaux infectés. L’IAHP circule parmi les populations d’oiseaux sauvages du Svalbard depuis plusieurs années.

Cette évolution suscite l’inquiétude des scientifiques et des autorités locales. Les signes cliniques de la grippe aviaire chez les renards, qui peuvent inclure des symptômes neurologiques tels que des cercles et des paralysies, ressemblent étrangement à ceux de la rage. Cela pose un problème de diagnostic et accroît le risque pour les humains qui pourraient entrer en contact avec des animaux malades.

Le gouverneur du Svalbard a émis des avertissements, invitant le public à signaler tout animal malade ou mort et à maintenir une distance de sécurité. Pendant ce temps, les scientifiques procèdent au séquençage du génome entier des échantillons de virus prélevés sur les renards afin de déterminer si le virus montre des signes d’adaptation à des hôtes mammifères, ce qui pourrait avoir de graves conséquences pour l’écosystème de l’Arctique. M.W.