La rétrospective polaire – Nouveau statut de conservation pour les manchots empereurs, l’ADN électronique pour surveiller la biodiversité marine et Poutine à Mourmansk

par Polar Journal AG Team
03/31/2025

La rétrospective polaire se penche sur des événements récents relatifs aux régions polaires du monde entier. Cette semaine, nous nous intéressons à une nouvelle classification des manchots empereurs, à un nouvel outil testé à bord de l’Australian et au discours de Vladimir Poutine lors du forum russe sur l’Arctique.

La dernière réunion du traité sur l’Antarctique n’a pas permis d’obtenir un statut de protection spécial pour les manchots empereurs. Cette fois-ci, une nouvelle étude soulève la question au niveau des Nations unies. Photo : Michael Wenger

La Rétrospective Polaire est un effort de collaboration de l’équipe éditoriale de polarjournal.net. Chaque rédacteur choisit un sujet qu’il a trouvé intéressant et important au cours de la semaine écoulée. Les initiales à la fin de chaque section indiquent l’auteur.

Les empereurs bientôt sur liste rouge ?

Animal symbolique de l’Antarctique, le manchot empereur fait les frais du réchauffement climatique qui touche le continent blanc. Photo : Michael Wenger Photo : Michael Wenger

Les manchots empereurs devraient être reclassés sur la liste de l’UICN de « quasi menacés » à « vulnérables » ou « en danger », selon une étude publiée le 25 mars dans la revue Biological Conservation. dernier dans la revue Biological Conservation. Menée par des chercheurs de la Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI), cette réévaluation souligne l’urgence de prendre des mesures de conservation face aux impacts du réchauffement climatique pour une espèce qui dépend très spécifiquement de son environnement.

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont utilisé plusieurs types de données, notamment des décennies d’observations sur des manchots individuels, des séries chronologiques sur les populations de poussins et d’adultes, ainsi que dix ans d’images satellites pour suivre la taille de 50 colonies. Ils ont également pris en compte les déplacements et changements des colonies au fil du temps, en utilisant des données génétiques et de population. Ces informations ont permis de créer trois modèles écologiques distincts pour simuler les dynamiques des populations de manchots empereurs évaluer le risque d’extinction sous diverses conditions environnementales.

Pour les manchots antarctiques, le résultat est sans appel : il est urgent de réévaluer le statut de cet animal emblématique de l’Antarctique. Confrontés au changement climatique qui affecte leur habitat naturel, l’empereur est désormais face à un risque élevé d’extinction dans les décennies à venir. M.B.

Surveillance de la biodiversité dans l’Antarctique de l’Est à l’aide de l’ADN électronique

Le Dr Leonie Suter à bord du RSV Nuyina prélevant de l’eau de mer pour l’ADN électronique. Photo : Capture d’écran de la vidéo de l’AAD

À bord du navire de recherche australien RSV Nuyina, la généticienne Leonie Suter de l’Australian Antarctic Division teste actuellement de nouvelles méthodes de surveillance de la biodiversité dans les eaux de l’Antarctique. L’objectif est d’utiliser l’ADN environnemental (eDNA) pour documenter la biodiversité marine dans la région du glacier Denman, dans l’Antarctique de l’Est.

Dans le cadre d’une partie du projet, le Dr Suter collecte manuellement des échantillons d’eau de mer à la surface et à différentes profondeurs afin de créer une image tridimensionnelle des organismes vivant dans l’eau. L’ADN électronique est du matériel génétique libéré par les organismes dans leur environnement – par exemple, par les cellules de la peau, les écailles, le mucus ou les excrétions. « Nous pouvons ainsi étudier la diversité des espèces à partir d’un petit échantillon d’eau sans jamais avoir vu aucun des animaux », explique le Dr Suter.

Parallèlement, en collaboration avec l’Institut de recherche de l’aquarium de la baie de Monterey (MBARI), le Dr Suter teste deux nouvelles technologies : l’Environmental Sample Processor (ESP) et l’Instrument de filtrage pour l’observation de l’ADN (FIDO). Ces deux instruments filtrent automatiquement 60 et 144 échantillons d’eau, respectivement, et préservent le matériel recueilli sur les filtres. Les échantillons peuvent ensuite être conservés pendant deux à quatre mois sans réfrigération.

Les essais actuels sont conçus pour tester les deux systèmes dans des conditions réelles pendant dix semaines avec très peu d’interaction humaine. Leurs résultats seront ensuite comparés aux échantillons collectés manuellement. Elle « s’attend à l’inattendu », dit le Dr Suter.

Si les tests des systèmes automatisés sont concluants, ils pourraient contribuer de manière décisive à la surveillance des écosystèmes de l’Antarctique dans le cadre d’un programme à long terme. J.H.

Poutine réaffirme les ambitions arctiques de la Russie à Mourmansk

Vladimir Poutine s’adresse à la session plénière du 6e Forum international de l’Arctique à Mourmansk. Photo : Alexander Zholobov / Kremlin media services

Le 27 mars, à Mourmansk, M. Poutine a prononcé un discours visant à promouvoir le développement de la route maritime du Nord, dans le cadre du Forum arctique au Palais de la culture de Kirov. Le dernier s’était tenu à Arkhangelsk, mais Poutine n’y avait pas participé. Cette fois-ci, il a mentionné dans son discours l’intérêt croissant « historique » du président Trump pour le Groenland, qualifiant cette question de « problème du Groenland ». M. Poutine a exposé son point de vue sur le climat géopolitique dans l’Arctique. Selon lui, les États-Unis continueront à « promouvoir leurs intérêts économiques, géopolitiques et militaires ». Il a également rappelé les difficultés de la coopération au sein du Conseil de l’Arctique, soulignant que « la Russie n’a jamais refusé d’échanger ». Par ailleurs, il ne comprend pas pourquoi les pays de l’OTAN multiplient les exercices militaires en utilisant les forces de nouvelles recrues comme la Finlande et la Suède, expliquant que « la Russie n’a jamais menacé personne dans l’Arctique ».

Après cette introduction, il a exposé ses principaux objectifs de développement, tels que l’augmentation des capacités militaires pour empêcher l' »encerclement » et la construction de la route maritime du Nord avec des « États amis ». Il s’agit peut-être d’un deuxième clin d’œil au gouvernement américain, le premier ayant été rendu public lors de la réunion de Riyad le mois dernier. Augmentation de la flotte de brise-glaces, promotion du fret et des conteneurs, construction de nouveaux chantiers navals, développement d’un système ferroviaire transarctique… le plan de croissance industrielle n’a pas vraiment changé depuis le dernier forum, « une des tentatives de la Russie pour attirer les investissements étrangers », a déclaré Frédéric Lasserre, directeur du Conseil québécois d’Études géopolitiques, à polarjournal.net l’année dernière. « Ils veulent continuer à développer leurs ressources et le transport maritime international à un moment où les investisseurs sont prudents en raison des sanctions économiques déclenchées par la guerre en Ukraine. » Mais la géopolitique américaine va-t-elle changer la donne ? C.L.

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