La rétrospective polaire se penche sur les histoires récentes concernant les régions polaires du monde. Cette semaine, nous examinons un accord signé entre Tara et polarjournal.net, une protection marine renforcée autour de la Géorgie du Sud et des îles Sandwich du Sud, ainsi qu’une étude expliquant pourquoi les bécasseaux maubèches sont de plus en plus petits.
La rétrospective polaire est un effort de collaboration de l’équipe éditoriale de polarjournal.net. Chaque rédacteur choisit un sujet qu’il a trouvé intéressant et important au cours de la semaine écoulée. Les initiales à la fin de chaque section indiquent l’auteur. Nous espérons que vous l’apprécierez.
La Fondation Tara Océan et Polar Journal AG signent un protocole d’accord
La Fondation Tara Océan, fondation dédiée aux sciences océaniques, et la plateforme d’information polaire Polar Journal AG ont signé un protocole d’accord pour établir un partenariat à long terme. La signature a eu lieu le 25 avril 2025, au milieu des festivités entourant le baptême de la nouvelle station polaire Tara à Lorient.
L’objectif principal de cette collaboration est d’améliorer la compréhension des questions polaires par le public et de soutenir la recherche dans ce domaine. Les deux organisations reconnaissent l’importance des régions arctiques et antarctiques dans le contexte du changement climatique mondial et partagent la même volonté de promouvoir la compréhension scientifique de ces écosystèmes vitaux.
Dans le cadre du protocole d’accord, la collaboration se concentrera sur plusieurs domaines clés : la communication et la sensibilisation, les projets conjoints et le partage des ressources. Polar Journal utilisera sa plateforme médiatique pour diffuser des informations sur les programmes polaires de Tara, y compris les résultats scientifiques et les mises à jour des expéditions. De son côté, la Fondation Tara Océan fournira à polarjournal.net l’accès à des informations et des experts pertinents.
La station polaire Tara sera l’un des points forts de ce partenariat. Ce projet de station de recherche dérivante vise, durant plusieurs années, à recueillir des données cruciales sur l’écosystème arctique. La collaboration vise à promouvoir la station en tant que plateforme pour la recherche polaire internationale et les activités éducatives connexes.
Le document signé sert de cadre à la coopération future et aux accords formels entre les deux parties. Il témoigne de l’intention de travailler ensemble pour faire connaître l’importance et les défis des régions polaires. M.W.
Renforcement des mesures de protection dans la zone marine protégée autour de la Géorgie du Sud et des îles Sandwich du Sud
Carte : Gouvernement de la Géorgie du Sud et des îles Sandwich du Sud, édité par Julia Hager
Dans l’aire marine protégée (AMP) autour de la Géorgie du Sud et des îles Sandwich du Sud, créée en 2012, des mesures de protection renforcées sont entrées en vigueur le 22 avril 2025, après avoir été annoncées au début de l’année 2024. Entre autres changements, la zone dans laquelle toute forme de pêche est interdite a été considérablement élargie, passant de 283 000 kilomètres carrés à plus de 470 000 kilomètres carrés. Ces nouvelles zones d’interdiction de pêche couvrent désormais 38 % de la zone protégée.
La pêche au krill, pratiquée principalement par des navires norvégiens, sud-coréens, chinois et chiliens, a également été restreinte : 31 000 kilomètres carrés supplémentaires d’eaux pélagiques ont été interdits à la pêche. Au total, la pêche au krill est désormais interdite sur plus d’un demi-million de kilomètres carrés au sein de l’AMP. Pendant la saison de pêche de cinq mois, strictement réglementée, les pêcheurs de krill n’ont donc accès qu’à environ 60 % de la zone protégée.
En outre, la pêche à la palangre est interdite dans 95 % de l’AMP (zones bleues sur la carte). Même la pêche de recherche n’est plus autorisée dans certaines régions (zones rouges sur la carte).
Ces nouvelles mesures complètent le cadre de protection existant : les fermetures saisonnières qui limitent la pêche à la légine et au krill aux mois d’hiver contribuent à réduire les interactions potentielles avec les phoques et les oiseaux marins qui se reproduisent. En outre, la pêche au chalut de fond est interdite dans l’ensemble de la zone protégée, d’une superficie de 1,24 million de kilomètres carrés.
Le réseau considérablement élargi de zones d’interdiction de pêche relie et protège non seulement les habitats marins les plus riches en biodiversité et potentiellement les plus vulnérables, mais il inclut également des zones identifiées par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme des zones importantes pour les mammifères marins (IMMA). J.H.
Bécasseau maubèche, un rétrécissement enfin expliqué
Des scientifiques de l’Institut royal néerlandais de recherche sur la mer (NIOZ) ont découvert pourquoi les bécasseaux maubèches devenaient de plus en plus petits. Leurs résultats, publiés le 16 avril dernier dans Global Change Biology, révèlent que l’alimentation des poussins, touchée par les effets du réchauffement climatique, est en cause.
En collaboration avec des chercheurs russes, les chercheurs néerlandais ont comparé des données collectées en 2018 et 2019 dans la toundra sibérienne, ainsi qu’en Mauritanie dans le Banc d’Arguin, avec des données datant des années 1990. Ils ont constaté que les poussins des dernières années grandissent plus lentement que ceux des générations précédentes, en raison du décalage entre la fonte des neiges et l’émergence des insectes.
En effet, les poussins de bécasseau maubèche se nourrissent principalement de Tipuloide, un insecte volant qui ressemble à un moustique. Ces insectes émergent du sol après la fonte de la neige. Mais en raison du réchauffement climatique, la neige fond plus tôt qu’avant entraînant une émergence plus précoce des insectes. Les poussins, encore trop jeunes, sont alors incapables de se nourrir correctement, ce qui ralentit leur croissance. Des retards de développement sont notamment visibles dans la composition des plumes.
Un véritable problème pour ces oiseaux migrateurs qui, chaque année, hiverne dans les pays chauds d’Afrique, d’Amérique du Sud, d’Océanie ou d’Asie avant de s’en retourner nidifier dans les régions polaires boréales, parcourant de 2 500 à 16 000 km. On retrouve en effet, durant les mois d’été, le bécasseau maubèche dans tout l’Arctique, de la Sibérie au Canada, en passant par le Groenland, le Svalbard ou l’Alaska
L’observation, année après année, de bécasseaux maubèches de plus en plus petits intriguait les scientifiques qui se demandaient pourquoi ces animaux rétrécissaient. Leurs questions, avec cette étude, trouvent désormais une réponse, pointant à nouveau les conséquences du réchauffement climatique qui touche l’Arctique. M.B.