La rétrospective polaire se penche sur des histoires récentes relatives aux régions polaires du monde. Cette semaine, nous nous intéressons à une étude portant sur les routes empruntées par les substances provenant des rivières sibériennes pour traverser l’océan Arctique et à un politicien d’Ilulissat réagissant au plan de l’administration Trump.

La Rétrospective Polaire est un effort de collaboration de l’équipe éditoriale de polarjournal.net. Chaque rédacteur choisit un sujet qu’il a trouvé intéressant et important au cours de la semaine écoulée. Les initiales à la fin de chaque section indiquent l’auteur.

Quand les rivières sibériennes traversent l’océan Arctique

Une étude internationale menée par l’Université de Bristol et publiée dans Nature Communications dévoile les itinéraires variables et sensibles au climat empruntés par les substances issues des rivières sibériennes pour traverser l’océan Arctique.

Les chercheurs ont analysé des échantillons d’eau de mer, de glace de mer et de neige prélevés lors de l’expédition MOSAiC. Grâce à des traceurs géochimiques comme les isotopes d’oxygène et de néodyme, ils ont pu suivre le parcours des matières fluviales sur une année entière..

Parmi les découvertes, le rôle actif de la glace de mer, qui piège et transporte un mélange complexe de matières provenant de multiples rivières, modifiant les schémas de dispersion. Les résultats remettent également en cause l’idée d’une dérive transpolaire stable, suggérant au contraire une grande variabilité de ce courant dans l’espace et le temps.

La dérive transpolaire transporte eau douce, glace et matières en suspension depuis les plateaux sibériens jusqu’au détroit de Fram, affectant la biogéochimie de l’Arctique, ainsi que ses écosystèmes. Ce flux, loin d’être constant, varie selon les saisons, les courants et la fonte des glaces, redistribuant largement nutriments mais aussi microplastiques et métaux lourds.

Si l’étude ne se penche pas sur chaque composé en particulier, elle met en lumière les mécanismes de transport qui les sous-tendent. Cela représente une étape clé pour anticiper comment le déplacement des matières dans l’Arctique pourrait changer avec le réchauffement climatique. Avec des conséquences sur les fragiles écosystèmes polaires. M.B.

« La vraie richesse du Groenland, c’est son silence et sa beauté. »

Le 10 avril, le New York Times a révélé que l’administration Trump envisageait d’offrir une somme d’argent à chaque citoyen du Groenland : 10 000 dollars par habitant et par an, en lieu et place des 600 millions de dollars de subventions danoises. Ce plan s’inscrit dans la campagne de Washington pour affirmer son influence dans l’Arctique, une région convoitée pour ses gisements de cuivre, d’or, d’uranium… et de pétrole, mais aussi pour sa position géostratégique.

Nous avons rencontré Heidi Møller à Ilulissat la semaine dernière. Arrivée en tête des élections municipales début avril, elle n’a pas été élue maire : une coalition hostile à son parti, Demokraatit, s’est formée pour lui barrer l’accès.

Selon elle, pour devenir indépendant, le Groenland devrait d’abord résoudre ses problèmes sociaux, impliquer les gens dans le débat public et construire une génération de personnes capables d’assumer de nouvelles responsabilités. « Ce n’est pas lié à l’argent », déclare-t-elle à polarjournal.net. « Si Trump vient un jour à Ilulissat, j’espère qu’il ira se promener seul dans la nature et qu’il verra que la vraie richesse du Groenland, c’est le silence et la beauté. » C.L