De septembre à décembre, une équipe de recherche des programmes antarctiques australiens sera déployée sur l’île subantarctique située à 53 degrés sud afin d’évaluer l’état de santé des populations animales.
L’Australie se prépare à recevoir le virus hautement pathogène HPAI-H5, qui touche rarement les êtres humains, mais souvent les élevages et les animaux sauvages. Cette fois-ci, la menace arrive par l’océan Austral et les îles subantarctiques. Après avoir été détecté dans l’Atlantique Sud, en Géorgie du Sud, il est entré dans la zone du Traité de l’Antarctique en février 2024, causant des vagues de mortalité chez les manchots, d’autres espèces d’oiseaux et les phoques. En novembre dernier, il était dans le sud de l’océan Indien, à Crozet et Kerguelen, tournant dans le sens des vents dominants. À 450 kilomètres de ces archipels, au sud, aucune information n’est disponible concernant les premières îles australiennes Heard et McDonald.
L’île n’étant pas habitée, l’Australian Antarctic Program déploiera une équipe de recherche sur Heard Island pour une durée de trois mois dès septembre prochain, afin d’établir l’état sanitaire des manchots, albatros, cormorans et phoques qui peuplent l’île. Le brise-glace de recherche Nuyina fera un premier aller-retour en septembre et restera environ dix jours sur place. L’équipe logistique installera un premier campement à partir duquel un circuit sur l’île sera établi, avec des caches de provisions et d’eau.
« Ces caches permettront à quatre personnes de vivre en autonomie pendant trois ou quatre nuits », explique le coordinateur principal des opérations en zone isolée, Marty Passingham, dans le communiqué. « Elles comprendront des tentes pour dormir, du matériel de couchage, des tentes-toilettes, du matériel de cuisine, de la nourriture, quelques fournitures d’urgence, une alimentation électrique sous forme d’une source de 12 volts, ainsi qu’un générateur et des moyens de communication. »
Tout le matériel sera inspecté et nettoyé à l’avance pour limiter le risque d’introduction d’espèces exotiques sur l’île. Même le navire devra subir un traitement similaire. La mission de trois mois a été définie pour coïncider avec le retour des oiseaux nicheurs et la reproduction des mammifères marins tels que les éléphants de mer. À Kerguelen, le virus serait arrivé au cours de cette période, probablement par l’arrivée d’oiseaux sains porteurs. Les phoques l’auraient ensuite inoculé.
Comme nous l’avait rapporté le scientifique montpelliérain du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, Jérémy Tornos, il est encore impossible d’estimer précisément l’impact du virus sur place. La prochaine campagne d’été, qui se tiendra en parallèle de celle de Heard, permettra de constater la proportion d’animaux de retour sur les plages pendant la reproduction.
À Heard, le premier objectif est donc de trouver des signes du virus. « Nous utiliserons d’abord des hélicoptères afin d’obtenir une vue d’ensemble de l’île et d’évaluer la mortalité de la faune chez les plus grandes espèces, telles que les éléphants de mer », explique le Dr McInnes. À partir de ce premier bilan aérien, un second permettra de préciser les informations à l’aide de drones. Ensuite, des marcheurs ou des navigants se rendront sur place pour prélever des échantillons biologiques sur les animaux. Ils devront porter un équipement de protection pour éviter d’être contaminés ou de propager la maladie.
L’expédition est également l’un des rares moments que l’Australie consacre au suivi de l’île. Ce sera donc aussi l’occasion d’évaluer l’état des 12 principaux glaciers et de poursuivre l’inventaire et le décompte des colonies d’animaux. « L’île Heard est un bastion pour certaines espèces ; par exemple, on estime qu’il y aurait plus d’un million de manchots macaronis », précise l’écologue Dr McInnes. Les conditions météorologiques seront sans doute pluvieuses et venteuses, avec un ressenti proche de 0 °C, comme souvent à 53 degrés sud.