Le très attendu Almirante Viel, deuxième navire antarctique du nom, fait ses premiers bords dans le Pacifique Sud avant d’entamer d’ambitieux programmes logistico-scientifiques.
Rouge sur blanc, les reflets de la coque de L’Almirante Viel ressortiront bientôt entre les morceaux de glace de la péninsule Antarctique. Depuis le 19 avril dernier, le Chili procède aux essais du nouveau brise-glace national (« fait maison ») dans les eaux de Talcahuano, ville chilienne du Pacifique Sud. Le navire sort tout juste des chantiers de l’Armada Chilena, où il a dernièrement reçu sa motorisation : deux moteurs principaux capables de développer une puissance totale de 14,5 MW et de pousser le vaisseau à 15 nœuds en pointe, ainsi que celle du propulseur d’étrave. Éprouver, évaluer, régler, telle pourrait être la devise des opérations en cours sur la mécanique et l’équilibre du bâtiment.
Cent onze mètres de long, 21 mètres au maître-bau et 7,2 mètres de tirant d’eau, L’Almirante Viel est au coude à coude avec L’Almirante Irízar de la marine argentine, construit dans les années 1970 en Finlande. « La taille du navire définit plutôt les capacités de progression dans la banquise, » remarque Hervé Baudu, expert français de la navigation polaire, en poste à l’École nationale supérieure maritime de Marseille. « Il y a une compétition entre l’Argentine et le Chili autour d’une légitimité à réguler la péninsule, même si le Traité sur l’Antarctique reste la référence. »
Fierté nationale
Il fait déjà la fierté des représentants de l’État. « Une grande étape pour le Chili. Notre brise-glace Viel, construit par ASMAR, sera la clé de notre destin de pays antarctique. Felicitation @Armada_Chile! », peut-on lire sur le compte officiel du président Gabriel Boric. Une fierté nationale également parce qu’il est le plus grand brise-glace construit en Amérique du Sud. Ce bateau rouge vient remplacer l’ancien Almirante Viel qui avait été acheté aux gardes côtes canadiens. Des 210 millions de dollars dépensés pour le nouveau, 50 % du budget serait resté dans le territoire, selon plusieurs médias du pays. Huit cents personnes ont participé à sa construction.
L’héliport devrait recevoir un Super Puma de chez Airbus. Le navire fera office de support logistique pour les opérations de sauvetage en mer, mais il servira principalement à ravitailler les bases de l’Antarctique. L’Almirante Viel pourra transporter plus de 30 scientifiques disposant de l’instrumentation de bord, échosondeurs, sonars… et un laboratoire biologique. Les cales et le pont peuvent recevoir 19 conteneurs de 20 pieds.
« Sa coque PC 5 ne lui permettra pas de progresser dans un pack de glace très serré, c’est la même classe que L’Astrolabe, il sera donc dédié au ravitaillement à la marge de l’été austral », remarque l’expert. « Ils ont sans doute des ambitions de développement avec des rotations plus récurrentes pour monter en puissance sur leurs bases. »
Maya Fernandez Allende, ministre de la Défense s’est également exprimée, par Tweet interposé : « Grande nouvelle pays ?. » Cette dernière recevait récemment une nouvelle recrue dans la flotte nationale, le remorqueur de haute mer Lientur dédié au sauvetage, pareillement capable de croiser dans les eaux de l’Antarctique.
Camille Lin, PolarJournal AG
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